Sous l'influence de ses oncles, le jeune Charles VI n'apprend qu'à satisfaire son goût pour les plaisirs, les fêtes, les tournois, les bals et mascarades. Toutes les classes de la société ont la passion des travestissements, seigneurs, bourgeois, peuple et bas clergé.
La mode des masques et des chaperons "embronchés", c'est-à-dire couvrant le visage, pénètre dans la vie courante et il faut un édit pour l'interdire; elle favorisait les chenapans, qui, sans être reconnus faisaient ainsi de mauvais coups.
Après la démence de Charles VI, la cour est plus brillante et galante que jamais, Louis d'Orléans attire sur lui tous les regards jusqu'à l'époque de son assassinat en 1407 qu'on pense avoir été fait à l'instigation d'un marchand de soieries italien chez qui il avait des dettes importantes.
Les trente premières années du règne de Charles VII sont attristées par l'occupation anglaise, cependant les régions sûres ne cessent de travailler et prospérer et si Charles VII est extrêmement pauvre, le duc de Bourgogne tient en Flandre une cour fastueuse où l'idéal est dans la "Variance en habits". Philippe de Commines dit que les seigneurs de son temps ne sont instruits qu'à faire les fous en paroles et en habits.
Louis XI est ami de la simplicité. Pour arrêter les dépenses dont souffre le pays qui achète à l'extérieur et ne vend plus, il veut par son exemple, arrêter les sorties d'or du pays pour une consommation ruineuse en soieries et parures. Alors plus que jamais la Bourgogne se livre à la jouissance. Le chroniqueur de Paris gémit, "L'an 1420 fut le très cher temps de tout, et de vesture encore plus que d'autres choses".
Le costume à cette époque est long ou court.
La "houppelande" est un manteau en forme de robe de chambre très ample et traînante, sa jupe et ses manches touchent le sol, une ceinture resserre la taille, le col est montant. Puis on la raccourci jusqu'à mi-jambe, mais les manches restent longues et vastes. Une courte pèlerine dite "collet" couvrait les épaules de ce vêtement, qui peut être fendu derrière et sur les côtés. C'est un vêtement très confortable qui garantit les jambes découvertes par les braies collantes jusqu'aux hanches. Parée, cette houppelande est d'étoffes riches, de brocards et finement fourrée.
Les ceintures sont orfévrées ou cloutées.
L'habit court est une "jacquette" ou "surcot" ajusté à la taille. Des plis ronds ou plats, saillants en godrons réguliers partent des épaules et de la poitrine, se réunissent à la ceinture en forme d'éventail. Le même effet est obtenu dans le dos, ces plis s'évasent ensuite régulièrement sur la très courte jupe. Les épaules développées par des fronces et bouffantes sont soutenues par les "mahoitres" ou "mahutres", rembourrage tellement excessif qu'on dit: "faire ballonner les manches comme outre de cornemuse". Au début du XVème Siècle se prolongea la mode des manches découpées, longues jusqu'à terre, dites "à la bombarde". Ces manches très coûteuses ont donne naissance au proverbe : "C'est une autre paire de manches".
La "huque", courte casaque sans ceinture ni bouton, est un paletot ouvert devant. La robe est une tunique assez longue et à plis droits, parfois fourrée ou "pourfilée", rabattue en revers sur las épaules. Les manches longues et fendues peuvent recouvrir les mains, une ceinture torsadée, unie ou cloutée retient la taille; on peut y passer une épée.
Le "tabar" est un surtout flottant, court, ouvert en rond pour passer la tête et fendu sur les côtés avec mancherons en forme d'ailerons. Les hérauts sous le nom de "dalmatique" le portent couvert d'armoiries.
Les chausses collantes moulent les jambes étroitement jusqu'à la taille où elles sont fixées au pourpoint par des "aiguillettes", sortes de petits lacets noués.
Pour la femme, la robe a un corsage ajusté, décolleté en pointe. L'angle du décolleté est caché par un triangle d'étoffe souvent noir, le "tassel". Il est orné et décoré. La ceinture est large et placée très haut.
Enfin, la jupe forme une longue traîne, si longue que souvent il fallait plusieurs personnes pour la porter.
Le surcot ouvert évolue, le décolleté devient en pointe et le surcot se rétrécit considérablement pour n'être plus qu'une bande assez étroite par devant et deux bandes garnissant les ouvertures; celles-ci étaient si grandes qu'on apercevait presque complètement la cotte dont la femme était habillée.
Les Paysans ont aussi le goût de la parure et s'efforcent de copier la tenue de leurs seigneurs du moins dans ses lignes générales. Ils portent du linge de corps, des jacquettes froncées et fourrées, des mahoitres, des poulaines, des chausses longues qu'ils dépouillent pour certains travaux ou bien qu'ils laissent retomber sur leurs genoux et des houppelandes.
La "gamache" est un manteau fendu devant, la "sorquenie", sarreau de toile que les bergers portent sur leurs vêtements, le chaperon retombe sur les épaules et pour protéger les chausses: les "houseaux", sorte de guêtres en cuir ou en toile.
La "panetière" complète la tenue ordinaire, c'est un sac de toile fixé à la taille, formant ceinture où on met le pain.
Au début du siècle les cheveux sont assez longs pour former un rouleau de frisures autour de la tête et la barbe est fourchue puis le visage est imberbe et les cheveux coupés en calotte ronde, la nuque et les tempes soigneusement rasées. Plus tard encore, on les coupe net à la hauteur des oreilles, mode que les Bretons ont conservée presque jusqu'à nos jours. Longtemps on se teint en blond.
Chez les femmes, la coiffure dite "en turban" apparaît à ce siècle, c'était un large boudin d'étoffe rembourré d'étoupes et qui emprisonne presque toute la chevelure.
Et c'est durant ce siècle qu'une dame de Hénin imagina la coiffure qui porte ce nom, mais qui est d'inspiration orientale et dont la vogue durera près d'un siècle. Le "Hennin" consiste en un cornet très élevé qu'on portait en arrière. La hauteur de ce cornet variait avec le rang social; le hennin des bourgeoises ne pouvait dépasser 60 centimètres. De l'extrémité pendait un voile qui descendait jusqu'aux épaules et même jusqu'aux reins, une voilette recouvrait parfois le visage; souvent aussi un voile empesé abritait le front.
Le chaperon est d'une lourdeur extrême, on le porte plus souvent sur l'épaule. Arranger sur sa tête les plis et la cornette est tout une affaire. Afin de s'épargner ces difficultés on le coud selon l'effet qu'il doit produire et on le coiffe facilement. La cornette pend jusqu'aux chevilles, ou se retient dans la ceinture.
Parmi les chapeaux, les uns sont d'une grande hauteur avec des petits bords, d'autres ronds avec le bord rabattu devant et relevé derrière. Louis XI utilise un chapeau de feutre mou.
Des espèces de bourrelets sont rehaussées de pierreries.
Le "bicoquet" est un grand chapeau à bords relevés orné d'un plumet, un joyau sur le bord du chapeau.
Le feutre est fabriqué en poil de loutre, de chèvre, et même de bourre de laine et de coton, mais il est interdit de l'empeser.
La jeunesse aime toujours les chapels de fleurs ou de feuillages.
La mode des poulaines se poursuit obstinément. On porte aussi des souliers montants, des bottes courtes ou de longues bottes à l'écuyère, les "houseaux" et l'usage étrange de ne porter qu'une botte fauve à un pied. On utilise toujours les patins ou d'épaisses semelles. Vers 1480, les poulaines sont au terme de leur destinée, le bout du soulier est dessiné au compas et se termine en raquette, on dit "en bec de canard".
La richesse des bijoux dépasse toute expression; rubis, saphirs, perles et surtout diamants que maintenant on sait tailler. Rien que sur sa coiffe, Isabelle de Bavière, le jour de son sacre, en a 93 associés à d'autres pierres. Tout est fait en pierreries; des boutons de vêtement, des chaînes, des breloques, des emblèmes délicatement découpés dans l'or, incrustés d'émail, des faces de broches, des pendants, des chatons de bagues, des motifs pour les coiffures.
Le "carcan" d'orfèvrerie est un lourd collier qui s'étale en haut des houppelandes ou des jacquettes.
L'"écharpe" est un ruban de brocart, brodé, dentelé, frangé, ou aussi un long chapelet de gros grains ou de bijouterie.
Un gentilhomme normand fit coudre 300 pièces d'or sur sa houppelande et un autre 7500 annelets d'argent.v
Louis XI de goût toujours modeste a pour adage : "quand orgueil chevauche devant, honte et dommage suivent de près".
Quant au faste de Charles le Téméraire, il le suit à la guerre : la poignée d'épée du Duc a 7 diamants, 7 rubis et des perles grosses comme des fèves, son sceau d'or pèse une livre, son chapeau ducal est surmonté d'un rubis splendide entouré d'un cercle de saphirs, de rubis et de perles avec un porte aigrette en diamants. Son gros diamant est le Sancy, pierre admirable qui avait brillé sur la tête du grand Mogol.